jeudi 6 décembre 2012

Faites comme Claire Chagnon et Monsieur Carpenter... skiez à Bromont !



En attendant la sortie dans les prochaines semaines du tome 3 de Philippine Drich : le puits d'Atlante, voici une petite surprise :


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Station de SkiBromont

Québec. 3 Février 18 : 30



Claire, des skis sur l’épaule, monte un escalier de métal rouge parsemé de neige tassée qui couine sous ses pas.

Devant elle s’étend une grande étendue blanche striée en tous sens par les traces de skis des sportifs qui se pressent vers les télésièges.

Devant l’entrée des remontées mécaniques, un homme d’un certain âge attend. Il est entouré de deux gardes du corps cachés derrière des lunettes opaques.

Claire s’avance vers cet homme qui n’est autre que son patron, Mr Carpenter.

Avant de pouvoir l’approcher pour lui parler, l’un des gardes du corps s’interpose devant elle.

-       Réjean! Tu ne me reconnais pas? dit sur un ton excédé Claire.

L’homme tend sa main ouverte devant lui.

-       Il me faut votre cellulaire docteur Chagnon.

Claire est surprise et s’apprête à lui répondre lorsqu’elle voit Mr Carpenter surgir de derrière lui.

-       Donnez-lui tout ce que vous avez comme matériel électronique Claire. S’il vous plait.

Réjean ouvre un sac noir dans lequel Claire jette son cellulaire avec son oreillette.

Réjean referme le sac et fait un signe vers Claire pour l’inviter à passer.

-       Ne vous inquiétez pas, vous les retrouverez à votre retour.

Claire se demande pourquoi ils voulaient son cellulaire. Peut-être y a-t-il eu des fuites au laboratoire et qu’ils pensent qu’elle peut être impliquée? Ils vont démonter son téléphone pour regarder ses appels? Peut-être y a-t-il un mouchard dans son téléphone? Peut-être qu’elle va avoir un nouveau téléphone de dernière génération?

Elle met ses skis et suit Mr Carpenter dans l’allée pour les télésièges.

Arrivé au siège, un jeune planchiste s’approche pour embarquer avec eux sur la chaise.

Mr Carpenter l’arrête de la main.

-       Jeune homme, je préfèrerais que vous preniez la remontée suivante.

Le jeune a un instant de surprise.

-       Le vieux, j’ai fait la ligne comme vous autres, alors le siège c’est le mien aussi, dit-il en poussant Mr Carpenter pour s’avancer sur la zone d’embarquement.

Ils embarquent ensemble sur le télésiège et un préposé leur lance innocemment un « Bonne descente » joyeux.

Durant la montée, l’ambiance est un peu tendue.

Claire, assise entre les deux hommes, se tourne vers Mr Carpenter.

-       Puis-je vous demander ce que nous faisons dans cette chaise monsieur?

-       Nous allons skier, ma chère. Vous n’aimez pas cela?

-       Si, répond Claire un peu prise au dépourvu.

Mr Carpenter, le visage à moitié caché sous une cagoule d’isolation, arbore un petit sourire.

Claire marque un temps d’arrêt en regardant les canons à neige propulser les flocons sur les pistes, en contrejour des lampadaires aux lumières orangées qui permettent aux skieurs de descendre les pistes le soir. Claire se sent comme dans un rêve, elle se laisse petit à petit gagner par cette déconnexion qui s’opère au fur et à mesure de la montée.

Le reste de la montée s’effectue dans un silence quasi religieux.

Un panneau rouge arborant un idéogramme pour relever la barrière de sécurité annonce l’arrivée prochaine du débarquement.

Nos occupants se préparent pour quitter le siège.

La chaise se rapproche du ponton et le jeune baisse ses lunettes pour quitter le siège.

Claire coince un de ses bâtons de ski entre le marchepied et la sangle arrière de la planche du jeune, ce qui lui fait perdre l’équilibre.

Il tombe de tout son long sur le sol dur puis roule ridiculement en bas de la petite pente douce pour sortir de la zone du débarcadère.

Ses amis qui l’attendaient rient de le voir le visage dans la neige.

Un préposé aux chaises arrête aussitôt la machine et se précipite vers la victime.

Claire et Mr Carpenter descendent à leur tour et Claire glisse discrètement avec un de ses skis sur la main du jeune homme qui hurle plus de peur que de mal.

-       Oh! Excusez-moi. Je ne maitrise pas très bien, lui lance-t-elle avec un air malicieux.

Vexé, le jeune homme repousse le préposé avec véhémence.

Ses amis, persiflant à son égard, viennent le relever.

Claire rejoint Mr Carpenter au coin de la Toronto. Ils skient un petit peu quittant les pistes les plus courtisées pour se rendre dans les moins fréquentées, en passant par la Vancouver, puis la Pebble Beach, la San Francisco, la Santa Cruz où monsieur Carpenter s’arrête à la hauteur du sous-bois la Napa.

Claire vient s’arrêter près de lui.

Elle relève ses lunettes en expirant fortement afin de reprendre son souffle.

-       Merci.

-       Mais de quoi?

-       De me faire penser à autre chose.

Mr Carpenter ne répond pas, il regarde le haut de la cime des arbres enneigés qui se perdent dans la nuit.

-       Je voulais que l’on ait une entrevue discrète sans oreilles indiscrètes.

Claire se rend compte que l’invitation est toujours liée au travail.

-       Vous avez des soupçons? C’est pour ça que vous m’avez retiré mon cellulaire?

-       Pas contre vous, rassurez-vous. Mais, j’ai comme la vague impression que mon fils, Hervé, entretient des liens étroits avec notre amie la Française, dit-il soudain.

-       Des liens... laisse trainer Claire.

-       Platoniques, on s’entend, répond monsieur Carpenter avec un petit sourire.

Cet humour laisse Claire totalement froide.

-       Je crois qu’il l’aide à retrouver ce que nous cherchons. Et j’ai l’intuition qu’elle sait où cela se trouve.

-       Parfait. Allons la voir pour…

-       Non, non pas tout de suite. Attendons de voir ce qu’elle trouve. Laissons-la avancer et trébucher sur les embuches et une fois qu’elle aura atteint son but, je veux que vous soyez là.

-       Je ne serais jamais très loin, Monsieur, répond Claire en serrant les dents.

-       Je n’en doute pas ma chère. En attendant, nous sommes ici pour skier, alors…

Il repart dans la pente en slalomant entre des piquets imaginaires.


Commentez ce chapitre et courez la chance de gagner une paire de billets pour, vous aussi, aller descendre la Vancouver !

Belle saison de ski et... bonne lecture !




 

1 commentaire:

  1. L'intrigue est géniale. J'ai hate de lire la suite. C'est un suspense qui me met l'eau à la bouche !

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